06/10/2010
Chap 3 (1.4)
06/08/2010
Chap 3 (1.3)
-Cette nuit j’ai fait un rêve… étrange.
05/08/2010
Chapitre 3 (1.2)
J'en profite pour signaler que mon correcteur orthographique marche plus, donc si vous croisez des fautes soyez indulgent et dites le moi ;)
Lorsqu’il nous voit arriver, Ash saute sur ses pieds, adoptant instinctivement une posture défensive brandissant un solide bâton en guise d’épée. C’est seulement une fois apparus dans la lumière du feu qu’il nous reconnaît et se décide à baisser son arme de fortune.
Voyant qu’il lorgne sur mon tee-shirt en lambeaux, je l’interromps avant qu’il ne fasse un quelconque commentaire et l’envoie chercher de quoi panser la plaie sanguinolente qui barre le dos de notre compagnon. Une fois celle-ci nettoyée et soignée, nous prenons place autour du foyer et narrons à notre acolyte notre mésaventure. Il nous écoute parler sans piper mot et se contente de hocher la tête par moment en signe d’acquiescement. Une fois notre histoire terminée, il pousse un sifflement admiratif :
- Finalement ma soirée était plutôt tranquille. Je n’ai rien fait d’autre que manger et surveiller le feu. Par contre j’ai sursauté à plusieurs reprises en entendant des craquements près d’ici. Et pour ce qui est du monstre qui vous a attaqué, son cri à retentit dans toute la foret. C’est pour ça que j’étais sur mes gardes quand vous êtes arrivées. Bon allez et maintenant reposez-vous, je vais finir mon tour de garde.
-On peut prendre la relève puisqu’on est là.
-Pas question, vous avez eu suffisamment d’aventures pour aujourd’hui je trouve. La seule chose qui risque encore de vous arriver, c’est de prendre mon pied dans le cul si vous n’allez pas dormir.
Convaincus par ses argument de poids, à savoir un imposant 44, nous allons nous coucher et sombrons rapidement dans un sommeil réparateur bien que peuplé de songe, pour ma part en tout cas. Je revois la bête charger sur moi, la scène étant d’un réalisme saisissant par sa précision et la multitude de détails qui la peuplent. Alors que la bête est à quelques vales de moi entourée d’arbres, une masse sombre se laisse tomber sur son dos, je souris intérieurement en pensant a l’audace de mon ami, alors qu’il étais encore évanoui quelques instant auparavant. Une fois de plus j’aperçois le reflet de la lame, éclairé par un mince filet de lumière lunaire, je vois Yawn saisir les oreilles de la bête et sectionner les veines qui ressortent de deux grands coups circulaires. Et tandis que le sang de la bête jaillit, propulsé par un cœur puissant, un instant avant qu’elle ne désarçonne son cavalier clandestin, quelque chose sur le visage de ce dernier attire mon regard. Quelque chose malheureusement trop bref pour que cela soit une certitude, mais bien assez marqué pour que je le remarque. Au moment ou le sang venait éclabousser son visage et sa peau meurtrie, un sourire se forma sur son visage tandis que, je pense bien l’avoir vu, ses yeux se colorèrent d’un violet phosphorescent, des yeux semblable a ceux de la bête. Quand cette comparaison me viens en tête j’essaie de regarder a nouveaux, pour m’assurer que c’était une hallucination et que mon ami était bien toujours lui-même pendant ce combat. Mais lorsque je relève les yeux, la bête est déjà en train de se débattre et mon avis s’envole vers les buissons telle une poupée de chiffon. Comme plus tôt dans la soirée, je m’approche de lui pour l’aider, quand des voix derrières moi se font entendre, d’abord ténues, incompréhensibles. Je me retourne et tente de voir d’où viennent ces voix, et plus je me concentre, plus elles s’amplifient et deviennent claires, mais plus ce qui m’entoure s’assombrit et se trouble . Je me concentre encore d’avantage jusqu’à ce que je puisse identifier ces voix ; celles de mes amis à quelques pas du duvet à l’intérieur duquel mes yeux viennent de s’ouvrir brusquement. Je ri intérieurement de ma bêtise et cherche d’une main mes vêtement posés a coté de moi, tout en ouvrant la fermeture éclair de l’autre. Ce n’est qu’une fois habillée que je réalise que ces vêtement ne sont pas entièrement a moi. Si le short est bien le mien, le haut semble bien plus ample qu’a l’accoutumée.
-C’est un des miens, j’en avais pris en plus au cas où. Le tiens était… abimé.
Les autres sont assis autour du feu en train de déjeuner les provisions que nous avons « empruntées » avant de partir.
-Bon je sais il est peut être un poil trop grand, reprend Yawn, mais c’était ça ou rien. Enfin je crois que ça aurait pas dérangé Ash.
A peine sa phrase est-elle finie qu’il se baisse pour éviter un gobelet de métal lancé vers lui, et éclate de rire, accompagné par les autres. Je le remercie et m’assois avec eux, acceptant avec gratitude la tasse de café que me tend Althanae. Le liquide brulant descendant dans ma gorge me réveille et en quelques gorgées je me sens prête pour la bonne journée de sport. Notre petite aventure d’hier soir semble avoir fait le tour des oreilles du groupes car les sœurs demandent à Yawn de décrire la bête à l’instant ou je me décide à écouter leur conversation. Tandis qu’il leur décrit une nouvelle fois la bête mon regard s’attarde sur ses yeux, la vision du reflet violet que j’y ai vu ne s’effaçant pas, bien que je ne cesse de me répéter que c’est uniquement dans mon rêve que je crois les avoir vus et qu’il n’ont probablement jamais existé en réalité. Mes long regards n’échappent pas à mon ami qui me jette un regard interrogateur, un sourcil levé l’autre froncé, dans son expression préférée. Je lui répond par un signe négatif de la tête ; il hausse les épaules et reporte son attention sur ses interlocuteurs. Personne ne semble avoir remarque cet échange. Une fois ma tasse finie, tout le monde s’active pour ranger le campement. C’est chose faite en peu de temps vu les maigres bagages que nous avons avec nous. Le trajet de retour prenant toute la journée nous décidons de partir sans tarder après avoir réparti différemment le poids dans les sacs, les provision alimentaires ayant significativement diminué depuis notre départ hier matin.
C’est donc avec un sac encore plus léger qu’à l’aller et une gravité moindre nous permettant d’avancer avec une grande aisance que nous entamons notre retour. Dans le jour levant, la forêt est encore plus belle que la veille, si cela est possible. Les clairières verdoyantes sont illuminées de milles feux, la lumière du soleil matinal se réverbérant dans les goutes d’eau qui perlent sur les feuilles des arbres qui nous entourent. De temps en temps des arc-en-ciels miniatures nous accompagnent lorsque une goutte trop lourde roule sur une feuille pour venir heurter une pierre en contrebas et se scinder en un myriade de petites gouttelettes dans laquelle les rayons du soleil viennent se diffracter. Comment dans un tel paradis peuvent vivres des monstres tels que celui que nous avons vu hier ? Tout ici semble irréel, et a bien y réfléchir le monstre aussi. J’aurais d’ailleurs préféré qu’il le soit, après réflexion. Remarquant que je marche en retrait, perdue dans mes pensées, Yawn ralenti pour me laisser le rattraper. Arrivée à sa hauteur je remarque qu’il semble inquiet.
-Ça va ? me demande-t-il. Tu a l’air préoccupée depuis ce matin, et vu les regards que tu m’as jeté ce matin j’ai l’impression d’y être pour quelque chose.
Prise au dépourvue par cette question, je bafouille une réponse absolument pas crédible comme quoi tout va bien que c’est la fatigue, puis m’interromps, voyant son regard réprobateur posé sur moi.
-Bon d’accord je t’explique.
Il sourit.
-Je t’écoute.
25/07/2010
Aprem studieuse
Mais on à pas fait que des photo! Bientôt la suite de l'histoire!
22/07/2010
Histoire (Chap 3: 1.1)
Je m’immobilise soudain. En dessous de moi un long sillage de branches cassées me permet d’apercevoir un grand buisson enfoncé, éclairé par un rayon de lune filtrant à travers la cime des arbres. Je me laisse tomber par paliers jusqu'à atterrir en douceur sur le sol à côté du buisson. Un rapide coup d’œil confirme mes craintes ; c’est Yawn. Je le tire tant bien que mal et l’étend sur le sol. Son pouls m’apprend qu’il est encore en vie, mais il ne répond pas et ne semble pas vouloir se réveiller. Alors que je lui administre de solides claques à vocation curatives, un craquement sonore me fait sursauter, et dans un réflexe de survie que je ne pensais pas avoir, je me jette dans le buisson duquel j’ai extrait mon ami quelques instants auparavant. Dans la pénombre à plusieurs vales de moi je distingue deux yeux, violets, mais pas la créature ou la personne à qui ils appartiennent. Je me tiens ainsi immobile pendant de longues minutes, et la paire d’yeux fait de même, bien qu’elle ne semble pas m’avoir vue. Ma position est plutôt inconfortable et des crampes ne tardent pas à apparaître dans mes cuisses. Je tente de changer de position silencieusement jusqu’à ce que les crampes disparaissent. Lorsque je relève la tête, les yeux ont disparu. Je suis prise d’une angoisse soudaine. Si c’est cette chose qui à mis Yawn dans cet état, je n’aurai jamais du la perdre des yeux une seule seconde. J’ai beau tendre l’oreille pour essayer d’entendre un son, un craquement ou même une respiration ; rien. Plusieurs minutes s’écoulent, minutes durant lesquelles mes yeux ne cessent de scruter les alentours à la recherche d’un signe, d’une lumière. Finalement la créature a du s’en aller. A peine me suis-je convaincue que tout danger est désormais écarté qu’un souffle glacé soulève mes cheveux et caresse ma nuque, hérissant le fin duvet qui la recouvre. Sans hésiter je plaque mes deux mains au sol et balance mes pied en arrière ; j’entends un craquement sonore, j’ai donc du toucher mon assaillant. Sans attendre d’en savoir plus je roule en avant et me relève en prenant la position de combat que nous avons apprise. Mon adversaire s’avance dans la lumière et je peux enfin voir à qui j’ai à faire, ou plutôt à quoi. C’est une créature reptilienne à la peau recouverte d’écailles bleutées, plus sombre sous son ventre. Ses yeux d’un violet phosphorescent éclairent un museau large et une gueule remplie de croc argentés, semblables à du métal. Bizarrement ce monstre n’a pas de queue, comme son apparence reptilienne pourrait le laisser présumer. Ses pattes avant sont dotées de griffes acérées et l’épaisseur de ces membres avant semblent indiquer que ce monstre peut se déplacer aussi bien debout que sur ses quatre pattes, position dans laquelle il est actuellement. Je recule de quelques pas et ramasse un bâton d’apparence solide tandis que la bête passe sa langue sur ses crocs impressionnant, semblant savourer à l’avance son futur dîner, tout en labourant le sol de sa patte griffue. Soudain la bête se ramasse sur elle-même et bondit dans une détente impressionnante. Je roule sur le côté tandis que ses griffes fouettent l’air et creusent la terre là où je me trouvais il y a une seconde. Sans attendre je porte un coup vertical vers ce que je suppose être sa tempe. Si mon attaque a eu un autre effet que de rendre la bête furieuse il n’est pas visible. Je porte un coup vertical vers la gueule désormais tournée vers moi mais celle-ci se referme sur mon arme et la broie avec une facilité déconcertante. Mue par une soudaine envie de sport, je me mets à courir loin de mon agresseur avec la ferme intention de le devancer. J’attrape une branche basse et me hisse dessus sans difficulté et bientôt je m’élève dans les hauteurs de l’arbre. Je sais que mon répit ne sera que provisoire, pourtant je ne pensais pas qu’il serait à ce point éphémère et cela me surprend lorsque après un choc violent contre le tronc, celui-ci va s’écraser sur le sol, m’obligeant à plonger dans un fourré, qui ne pouvait bien évidemment être autre qu’un massif de ronces. J’entends la créature tandis que je m’extirpe du buisson déchirant au passage le côté de mon tee-shirt. Je fais de nouveau face à la créature, mais celle-ci ne peut désormais plus sauter car je suis sous le couvert des arbres. Elle s’approche donc à pas lents me laissant le temps de chercher une idée pour me sortir de cette situation pour le moins problématique, pourtant cette idée géniale ne viens pas ; à l’inverse de la créature. Je me trouve presque à portée de griffe lorsque qu’une masse sombre s’abat sur son dos. J’entends un chuintement et le reflet de la lumière sur une surface polie. Un bruit de viande qu’on découpe, accompagné d’un crissement qui me fait frémir, puis un autre. La créature hurle et secoue la tête dans tous les sens, désarçonnant son cavalier et m’aspergeant d’un liquide poisseux et froid. Je me prépare à plonger en prévision de l’assaut que je sais imminent, pourtant à ma grande surprise, la créature recule de quelques pas, fait demi-tour et s’enfuit dans la nuit. Je reste un moment abasourdie avant de me précipiter vers le buisson où a été projetée la personne qui m’a aidée, qui n’est autre que Yawn. Encore à moitié étourdi il pose sur moi un regard amusé et me lance d’une voix un peu faible :
«J’aime bien ton haut comme ça, tu devrais faire sa plus souvent »
Je me regarde et constate avec horreur que la déchirure c’est agrandie et qu’une épaule est dénuée, et pas seulement l’épaule. Sans réfléchir, je lui administre une nouvelle claque retentissante, bien que les vertus curatives de cette dernière soit plutôt contestable, tout en riant malgré moi, tant de soulagement que d’amusement. Comment peut-il penser à ça dans une situation pareille. Je l’aide à se relever, et ensemble nous reprenons tant bien que mal le chemin du campement, par voie terrestre cette fois-ci. Aucun de nous ne prononçant un mot durant le trajet. C’est seulement lorsque nous arrivons en vue du feu de camp que Yawn se tourne vers moi, me sourit et me dit simplement :
« Merci »
19/07/2010
Histoire (Chap 2 : fin)
Pendant qu’il se décharge de ses sacs, j’entreprends de libérer suffisamment d’espace sur le sol afin d’y étaler tout le matériel récupéré. En dégageant le sol de tous les fils qui le recouvraient je tombe avec surprise sur un tapis qui était jusqu’alors totalement invisible. Soft encore plus étonné que moi, m’explique qu’il a cherché ce tapis des années. Après ces émouvantes retrouvailles, nous vérifions que chaque élément de la liste est bien là.
-Corde ?
-Ok.
-Couteau ?
-Ok.
-Seringues de soin ?
-Ok.
L’inventaire se poursuit ainsi durant quelques minutes puis nous répartissons les achats entre mon sac à dos et son bureau. L’opération est prévue pour demain et ils nous reste encore une foule de détails à régler. Mais avant de passer au plan d’action, il faut que je remplisse ma part du marché. J’installe Soft sur son coussin nuage que j’ai rapidement modelé en table d’opération au préalable et commence à sortir le nécessaire.
-Tu es sûr de vouloir ? Il faudra faire de l’exercice pour que ça ait de l’effet, dans le cas contraires il y a un risque pour que tes organes internes soient irrémédiablement endommagés. De plus si quelqu’un découvre des traces de ces produits dans ton sang tu seras toi aussi poursuivi.
Il me lance un regard exténué avant de me lancer :
«C’est bon tu as fini ton discours moralisateur et protecteur ? On peut commencer ? Ce que tu peux être chiant quand tu t’y met, s’ils m’attrapent je serais de toute façon dans une sacré merde. »
-Alors c’est parti !
L’opération se déroule en fait très rapidement. Une dose de morphine, les trois piqures, et un somnifère pour laisser un peu de temps au produit pour agir. Pendant son repos je m’attelle a trouver le plan d’action dont le succès est le plus probable, et ce n’est pas une mince affaire lorsque l’on ne souhaite pas mettre de gens en danger pendant l’action. Après plusieurs litres de café et au moins 1 louve à tourner en rond j’opte finalement pour un plan d’une simplicité et d’une banalité écœurante, mais les stratagèmes les plus simples sont les meilleurs, non ? Ah bon.
Quoi qu’il en soit il ne me reste plus qu’à dessiner sa sur la carte de la ville que Soft s’est procuré aujourd’hui.
Mon vieil ami enfin réveillé, je commence à lui exposer mon plan d’action. Après y avoir apporté quelques modifications il se déclare satisfait. Je lui propose d’aller courir un moment pendant que je prépare le repas. Sans être sportif forcené, loin de là, son aversion pour la cuisine est plus forte et c’est de bonne grâce qu’il accepte ma proposition. Lorsque j’entends la porte claquer une heure plus tard, c’est à un homme nouveau que je fais face. Si l’effet n’avait pas été très fulgurant sur moi en raison de ma maigreur naturelle, mon amis encombré il y à encore peu de temps d’un solide embonpoint semble avoir littéralement fondu pour laisser place à une sorte d’armoire à glace, bien que les muscles ne soient pas encore très développés, la graisse fondue lui donne un aspect bien plus impressionnant. Mieux que tout m’affirme-t-il, c’est qu’il n’est pas essoufflé le moins du monde alors qu’hier encore un tel effort l’aurait sans aucun doute achevé. Pour autant les produits dans son sang n’arrêtent pas la fin et c’est avec un appétit d’alruth qu’il entame le repas que j’ai posé sur la table.
-Tu te souviens le pensionnat ?
-Comment oublier ça ? Un endroit aussi sordide, et dans lequel on a passé tant de temps !
-On leur a quand même bien retourné l’endroit.
-Tu l’as dit ! On était des sacrés têtes a claque quand même hein ?
-Oh oui !
Assis sur la corniche du toit de l’usine, c’est notre première vraie discussion depuis que nous nous sommes retrouvés. Il n’est pas question de fuite ou de Milice, juste des souvenirs de deux enfants qui se retrouvent après des années de séparations. Malgré moi mon cœur se serre quand je réalise ou nous en sommes aujourd’hui et par où nous sommes passés pour en arriver là. Jamais un enfant ne devrait être éduqué dans des centres tenus par la Milice, jamais il ne devrait être séparé de sa famille si jeune. Voilà pourquoi tous sont si dociles. Privés de repères, ils préfèrent obéir que s’interroger, et nul ne peut les blâmer pour cela. Je regarde mon ami, perdu dans ses pensées. Demain soir, nos vie auront basculées, d’une manière ou d’une autre. Plus que pour moi, je m’inquiète pour lui. Non pas qu’il ne soit pas de taille à affronter les problèmes, bien que sa nature insouciante m’inquiète parfois, mais je sais quel peine est encourue pour aider un fugitif. Et bien que le délit pour complicité d’évasion n’ait jamais été inventé, faute d’évasion, je ne sais que trop bien que la sanction sera dure, et même irrémédiable je le crains.
Je secoue la tête pour chasser ces noires pensées de mon esprit et rejoins mon voisin de corniche dans la contemplation de la ville, seulement éclairée par les rares habitations dont les habitants sont éveillés et la trainée bleutée que laisse derrière lui le tramway. Demain. Jamais demain n’aura été à tel point un autre jour.
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20/06/2010
Histoire (Chap 2: 1.3)
18/05/2010
Soft
Histoire (Chap 2: 1.2)
Sur le toit, cinq grands conteneurs sont posés côte-à-côte. Quatre sont solidement condamnés par de lourdes barres de métal soudées, mais le cinquième, tout à droite, semble seulement fermé manuellement. Je m’approche avec circonspection ne sachant quelle attitude adopter. Oui c’était mon ami, mais cela fait presque quinze ans que je ne l’ai pas vu, et il est fort probable qu’il n’apprécie pas que je fasse irruption chez lui à l’improviste, exactement comme je m’apprête a le faire. Je frappe délicatement à la porte en métal, pas de réponse. J’insiste, frappant plus fort cette fois-ci, mais n’obtient toujours pas de réponse. Je pousse finalement la porte qui s’ouvre sans bruit. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais surement pas à ça. La pièce ressemble à une salle de contrôle de la NASA comme on voit dans les vieux films de l’ancien monde. Des ordinateurs et autres moniteurs sont entassés les uns sur les autres, affichant des informations TV, des lignes de codes incompréhensibles, d’étranges symboles et d’autres bizarreries. Mon ami se trouve au fond de la pièce, penché sur son écran, un casque sur les oreilles ; il ne semble pas avoir remarqué mon arrivée. Je ferme la porte et m’approche doucement, essayant d’enjamber les câbles qui jonchent le sol de la pièce, et lui effleure l’épaule pour ne pas le faire sursauter.
Bien que j’aie mis toute la délicatesse dont j’étais capable dans mon geste, ce simple contact provoque chez lui une réaction pour le moins inattendue. En effet, à peine ai-je touché son épaule qu’il rejette son casque sur le bureau duquel il s’écarte d’un violent coup de pied qui envoie son fauteuil-nuage à l’autre bout de la pièce. Après quelques seconde d’hésitation dans un silence pesant, il semble me reconnaître, malgré les années et mes vêtements pour le moins inhabituels.
- Bon Dieu de merde MoZD c’est toi ? J’ai failli crever de peur avec tes conneries, ça fait bien dix ans Gringalet !
- Quinze ans Soft, quinze ans… La fin de l’Académie.
Soulagé de la tournure que prennent les événements je souris et l’examine de la tête aux pieds. Il n’a pas tellement changé avec ses cheveux courts, ses yeux bleus s’agitant sans cesse et son langage châtié. Les seules différences viennent de sa barbe et de son ventre qui ont un peu grandi, si l’on peut dire. Eric Madhol, surnommé Software, puis Soft en raison de sa passion précoce pour l’informatique. Pendant près de cinq années nous avions étés inséparables, puis nos carrières respectives nous avaient séparés et nous nous étions perdus de vue. Il y a quelques mois, lorsque la milice commença à s’intéresser d’un peu trop près à mes travaux sur les modifications génétiques, je me suis mis à élaborer un plan pour disparaître si le besoin s’en faisait sentir, et grâce au matériel à ma disposition, je pu localiser l’usine, bien qu’il ait effacé son nom des listes de recensement et fait disparaître toute trace de son existence, car je connaissais son surnom, pour le lui avoir moi-même attribué. Soft est désormais un pirate informatique célèbre pour avoir a deux reprise pénétré l’infosphère du gouvernement, mais tout le monde ignore encore aujourd’hui qui il est, sauf moi.
- Un putain de revenant ! Tu veux une bière ? Assieds-toi tu me fous des crampes à rester debout comme ça.
Sans attendre de réponse il sort quatre bières du petit frigo situé sous son bureau et m’en tend deux. Je les prends avec gratitude et m’installe dans un second fauteuil nuage en face de mon ami, soulagé d’être assis après la journée que j’ai passé.
- Bon je vais être franc avec toi, ce n’est pas uniquement par nostalgie que je suis venu te voir, j’ai besoin de toi.
- Vraiment ? Je suis déçu, moi qui pensais que tu voulais juste boire une bière en évoquant les souvenirs d’enfance dans cette foutue prison. Je sais bien que tu as besoin de moi ; et avant que tu poses la question, bien sûr que j’accepte de t’aider. Non seulement parce que ça me fait plaisir, mais aussi parce que je te dois bien ça pour toutes les fois où tu m’as aidé.
- Ta réponse m’enchante, mais réfléchis-y bien. Je suis un fugitif recherché par la milice, m’abriter et m’aider sera dangereux, et je veux que tu sois bien conscient des risques avant d’accepter.
- C’est d’avoir perdu du sang qui te rend idiot ?
Il désigne mes bras et mes jambes couverts de plaies ainsi que mes mains écorchées.
- Techniquement je suis plus dangereux pour toi que toi pour moi MoZD. Je suis hors-la-loi depuis plusieurs années déjà, et je le vis plutôt bien. Alors rassure-toi, ce n’est pas ta présence qui va aggraver ma situation. Et puis… Je commençais à m’ennuyer ferme !
- Effectivement vu comme ça…
- Tu a l’air d’un con, complète-t-il un sourire moqueur aux lèvres. Allez, fini cette bière et amène-toi que je te nettoie ces plaies. Pendant ce temps-là tu me raconteras comment elles sont arrivées là.
Et tandis qu’il m’injecte les nanotechs de guérison, je lui raconte comment je me suis échappé sur le trajet vers le tribunal et ma fuite sur les toits. Il manque de s’étouffer de rire lorsque je lui raconte l’origine de mes vêtements et l’existence du petit mot d’excuse pour leur propriétaire. Une fois les injections faites, sur le conseil de mon ami, je vais me coucher sur un nuage qu’il modèle rapidement en matelas, afin de laisser aux nanotechs le temps d’agir.
Le nuage est assez vieux et se creuse lorsque je m’y installe. Outre ce léger inconfort, ce lit est pour moi presque salvateur, et bien vite je sens le sommeil me gagner.
27/04/2010
Histoire (Chap 2: 1.1)
-Les chiens ! Ils utilisent des immotroxs.
Ces fusils, dont les cartouches chargées en électricité plongent la cible dans un coma profond, peuvent même tuer sur le coup si l’on est touché à la tête. Et c’est manifestement ma tête qu’ils visaient. Je me retourne et cours vers l’échelle de sécurité un peu plus loin dans la ruelle. Si j’arrive là-haut, j’ai une chance de leur échapper, ce qui serait plutôt plaisant. Je gravis les derniers échelons lorsque les agents de la milice entrent dans la ruelle et qu’un portevoix se met à hurler.
-Détenu MoZD Vous êtes pris au piège, l’immeuble est cerné, rendez-vous immédiatement !
Détenu ? Plus pour longtemps j’espère ! Lorsque je me penche sur le rebord, mes poursuivants commencent à gravir l’échelle à leur tour, ralentis par leur uniformes de protection et leur lourds fusils. Ma vitesse, mon agilité et ma légèreté sont mes seuls atouts dans cette fuite, il faut que j’en fasse usage si je veux m’en sortir entier. Je traverse le toit en courant et m’élance vers un toit voisin, et de là saute vers un autre encore, avant que mes poursuivants n’atteignent le haut de l’échelle. Malgré leur entrainement intensif, ils hésitent un moment avant de se lancer à ma poursuite. Ces instants d’hésitations sont immédiatement mis à profit puisque j’ai déjà à plusieurs immeubles d’avance lorsqu’ils se décident à me suivre. Mais dans ma course j’ai obliqué vers le nord-ouest sans m’en rendre compte, vers les quartiers résidentiels, séparés du quartier des affaires dans lequel je me trouve par une large voie où se croisent de nombreux tramway lancés à une vitesse folle, qui me sépare de ma liberté, même si elle ne sera que provisoire. Coup d’œil en bas. Si je tombe avant d’atteindre le bâtiment de l’autre côté, je mourrai écrasé. Regard en arrière. S’ils attrapent ils me tueront sur place ou me mettrons en prison à vie. Si j’arrive de l’autre côté je pourrai me cacher, faire de faux papiers et continuer à vivre paisiblement, en apparence tout du moins. Pas le temps de réfléchir, je prends mon élan tel un coureur de sprint en m’appuyant sur le rebord derrière moi, traverse le toit à toute vitesse, et en m’aidant de la petite corniche saute dans les airs. Si la peur donne des ailes, je voudrais que le monde entier sache que je suis absolument terrifié. Je suis presque à l’horizontale désormais, planant au-dessus du vide dans un saut rendu spectaculaire par la force que m’octroie l’adrénaline qui coule dans mes veines, mais pas seulement. Chercheur dans les laboratoires de chimie appartenant à la milice, j’ai eu l’occasion de mettre au point divers sérums permettant d’accroitre vitesse, force, endurance, et de les tester sur moi. Les tests furent concluants. Tellement concluants que la milice voulut mettre la main sur mes travaux. J’ai préféré détruire mes recherches plutôt que de leurs laisser, et c’est ainsi que j’ai été condamné pour trahison. Mais tout cela n’as plus d’importance. Je tombe. Malgré la prise d’élan, la course, l’appui, le saut, l’adrénaline, les modifications génétiques, mon saut est trop court, et je tombe. Moins d’une vale entre moi et le bord du toit, je me tends de toutes mes forces, mais ne parviens même pas à effleurer le revêtement plastine règlementaire des bâtiments résidentiels. Me préparant à une chute vertigineuse suivie d’un choc d’une violence inouïe sur les rails, avant d’être ensuite lacéré par les lames de guidage et carbonisé par les rétropulseurs à plasma du tramway, j’en viens à oublier tout le reste.
C’est donc avec une surprise immense que je percute, et brise avec fracas, la fenêtre du dernier étage du bâtiment que j’essayais d’atteindre. En sportif assidu, j’ai le réflexe de rouler pour amortir le choc, qui me laisse malgré tout sonné et douloureux ; rien de cassé je crois, c’est le principal. Lorsque je reprends mes esprits, je réalise que j’ai atterri chez des gens et que les deux enfants, assis sur leur coussin-nuage, me regardent fixement, la bouche grande ouverte, tandis que la fosse holo continue de projeter un dessin animé de l’ancien monde. Je m’arrête un moment, interloqué par les images de ce dinosaure vert jouant d’une guitare d’un rose bonbon et portant des lunettes de ce même rose. C’est le cri de leur mère, restée immobile dans l’encadrement de la porte qui semble donner sur la cuisine, qui me ramène brusquement à la réalité. Je me relève d’un bond, essuie le sang provenant des entailles causée par le verre qui dégouline sur mon front et mes yeux, avant de me précipiter vers la porte d’entrée. Elle donne sur un palier miteux. Où aller ? Je n’ai désormais plus qu’une ou deux minutes d’avance.L'ascenseur ? L’escalier ? Trop évident, ils ont dû cerner le périmètre autour de l’immeuble. Le toit est trop risqué depuis qu’ils savent que c’est mon chemin de fuite privilégié. Comme toute personne dans ma situation, mon instinct me pousse à courir vers la porte où figure l’intitulé «Sortie de secours », et c’est ce que je fais. Ladite porte donne sur un escalier de métal, bruyant au possible, qui descend jusque dans une ruelle au bout de laquelle est stationné un NEC de la milice. Les agents ont le dos tourné, il faut en profiter pour m’esquiver discrètement. Les balcons de l’immeuble voisin sont à portée de saut, et après en avoir repéré un où l’atterrissage est susceptible d’être silencieux, je monte sur la rambarde et m’élance. J’ai peut-être légèrement sous-évalué la distance, mes mains agrippent le rebord et mon corps est violemment plaqué contre la paroi à cause de mon élan. Je me hisse sur le balcon dans un grognement dû à l’effort et à la douleur, et me laisse tomber de l’autre côté, à l’abri des regards. Les agents n’ont pas l’air d’avoir entendu, parfait. J’escalade la séparation avec le balcon d’à côté et me laisse tomber, pour me retrouver nez-à-nez avec un homme en train d’étendre son linge. Avant qu’il ne puisse réagir, je l’assomme en portant un coup du plat de la main sur sa tempe. Il s’effondre dans mes bras et je le dépose délicatement sur le sol. Je me déshabille et attrape des vêtements que j’enfile, afin de présenter une apparence de civil plutôt que celle d’un condamné en fuite. Je profite de la salle de bain pour me raser et nettoyer le sang sur mon visage, puis quitte l’appartement après avoir laissé un petit mot d’excuse sur la table accompagné d’argent pour rembourser les vêtements empruntés. Avec mes cheveux coupés courts, ma barbe rasée et mon short trop grand, c’est à peine si je me reconnais en passant devant le miroir du hall d’entrée de l’immeuble. Je m’éloigne du quartier surveillé par la police en essayant d’afficher un air aussi détendu que possible. Bien que la tentation soit forte de me rendre à l’hôpital pour soigner mes blessures, la raison me pousse cependant à poursuivre ma route en direction des quartiers pauvres où se trouve l’usine au sommet de laquelle mon ami semble avoir élu domicile.
I hope you enjoyed :)
25/04/2010
Histoire (2.4)
Au bout de quelques instants de pure extase visuelle, Yawn prend la parole, avec sa sensibilité habituelle digne d’une bûche.
-Bon c’est pas tout ça, mais j’ai faim. Et il faut trouver un endroit où dormir avant que la nuit tombe.
-Ah bravo, bien, bonjour la délicatesse hein, lance ma sœur en mi amusée mi courroucée.
-C’est vrai que bon, c’était pas le top niveau formulation, dis-je. Mais il n’as pas tort, il faudrait trouver un abri rapidement.
Lynell s’écarte du groupe, se penche sur le rebord puis revient.
-Il va falloir sortir les cordes encore.
Yawn défait son sac et prépare rapidement l’équipement tandis que Lynell cherche le passage le plus facile pour descendre. Yawn s’approche avec la corde et approuve d’un signe de tête le choix de notre amie.
-Venez par ici, fait-elle sans se retourner.
Ash s’avance.
-Je passe le premier ?
-Ça marche, Lynell et moi on reste ici pour vous assurer, descends en premier et dis-nous comment c’est en bas.
-Compris.
Une fois attaché, il s’approche de la paroi et commence à descendre sans trop de difficulté. Quelques minutes plus tard il nous crie que tout va bien et que nous pouvons le rejoindre. Une fois la corde remontée, je m’approche du rebord, me sangle, et commence à descendre à mon tour. La gravité semble moins élevée dans cette vallée car je sens à peine le poids de mon sac à dos, pourtant non négligeable. J’atteins le sol étonnamment vite et atterris sur un tapis de mousse duquel je m’écarte prestement après m’être détachée. Tout est si grand autour de moi c’est très étrange, comme si c’était moi qui aie rétréci. Ma sœur nous rejoint peu après, et s’étonne elle aussi de la légèreté ressentie. Les sacs de nos deux amis restés en haut touchent bientôt le sol, suivis par la corde toute entière. Nous nous interrogeons du regard, chacun se demandant pourquoi la corde est arrivée avant nos amis, et comment pourrons-ils faire pour nous rejoindre sans corde. La réponse nous arrive bientôt lorsqu’ils arrivent dans notre champ de vision, descendant la paroi en plaisantant, manifestement sereins malgré l’absence totale de protection. Je ne peux m’empêcher de pousser un cri lorsqu’ils se retournent et sautent de la paroi alors qu’ils sont encore loin du sol. Ils atterrissent sans difficulté sur la mousse qui amortit leur chute.
-Frimeurs, vous avez ça dans les gênes, c’est facile pour vous !
Ash a raison même s’il plaisante, j’avais oublié que pour eux cet exercice est presque naturel, Yawn étant Arkhoïl est habitué à vivre en hauteur et donc à l’escalade. Pareil pour Lynell puisque les Lommürs connu pour leur agilité, et qu’elle est issue d’une grande famille de gardes forestiers. Et comme nous le rappellent nos deux acrobates, la gravité est bien plus faible ici, rendant ce saut bien moins spectaculaire. Malgré tout, le saut qu’ils viennent de faire m’impressionne. Mais ce n’est pas le moment d’y penser. Nous reprenons nos sacs et partons en quête d’un abri pour la nuit. L’avancée entre les racines monstrueuses de ces arbres millénaires se transforme vite en parcours du combattant, et sans la faiblesse de la gravité de ce lieu, nous serions déjà tous morts d’épuisement. Tous sauf nos deux acrobates qui escaladent cette végétation démesurée, un sourire béat collé au visage, semblant oublier la charge qu’ils portent et le chemin que nous avons déjà parcouru aujourd’hui. Alors que j’essuie du revers de ma manche la sueur qui commence à perler sur mon front à cause de l’effort, Lynell, perchée sur une haute branche, nous dit que nous sommes près d’un bâtiment dont le toit semble intact. Je pousse un soupir de soulagement à l’idée de poser mon sac et d’arrêter de grimper sur ces foutues branches en travers de mon chemin. De plus la lumière n’a cessé de décliner depuis que nous nous sommes engagés sur le sentier, et est désormais vraiment succincte, le soleil ayant presque disparu derrière les falaises à l’ouest.
Lorsque j’arrive dans ce qui devait être le hall d’entrée de l’immeuble, je m’approche de Yawn et Lynell qui semblent en pleine dispute.
-Mais c’est sale ici, on pourrait chercher un meilleurs endroit pour passer la nuit quand même !
Avant que Lynell ne puisse répondre, je les interromps en laissant tomber mon sac bruyamment sur le sol devant eux.
-Moi je me pose ici et je ne bouge plus. Ce sera très bien.
Il hausse les épaules et s’éloigne, vexé. Il quitte l’immeuble et entreprend de grimper à un tronc non loin, avant de disparaître dans la nuit.
-Qui m’aide à préparer à manger ?
La question me surprend. Lorsqu’il s’agit de préparer à manger, la voix d’Ash se charge d’une assurance et d’un ton de commandement qui ne lui sont pas coutumiers. Je me porte volontaire et sur sa demande, allume un feu pendant qu’il fouille dans son sac de nourriture « empruntée » aux cuisines. Le repas est près en une dizaine de minutes et nous commençons immédiatement à le déguster, à quatre. Après quelques bouchées, Lynell se lève et nous dit qu’elle va chercher notre compagnon.
-Laisse le donc bouder un moment il finira bien par revenir, lance ma sœur.
A force de côtoyer Yawn, nous nous sommes habitués à ses fréquentes sautes d’humeur. Si elles ne nous dérangent pas personnellement, elles nous inquiètent malgré tout car lorsqu’il est dans cet état, il a une fâcheuse tendance à prendre des risques inconsidérés.
-Non j’y vais, on ne connaît pas cet endroit, je suis inquiète. Je reviens dans une heure maximum, promis. Je prendrais le second tour de garde.
Sur ces mots elle se retourne et s’éloigne dans la nuit qui a désormais gagné toute la forêt. Sentant notre fatigue, Ash se propose pour prendre le premier tour de garde, car il dit ne pas avoir sommeil. Son visage tiré dément ses propos, mais comme ma sœur, je suis épuisée que je n’ai pas la force de discuter et m’endors rapidement dans mon duvet, sans même attendre le retour de nos deux amis.
Fin du chapitre premier :)
Histoire (2.3)
Et finalement je me réveille bien avant l’horaire prévue. Je prends donc mon temps pour me préparer, vérifier à nouveau tout le matériel que je prends avec moi, et engloutir un solide petit déjeuner. En remontant dans ma chambre je croise ma sœur qui s’apprête à descendre prendre, elle aussi, une royale collation avant de partir. Je lui dis de venir me rejoindre dans ma chambre pour attendre le lever du jour, puis m’en vais revérifier une fois de plus le contenu de mon sac. Quelques minutes plus tard ma sœur arrive en compagnie de Lynell, toutes deux portant sur le dos leur sac, prêtes à partir. Nous discutons un moment puis décidons d’aller au point de rendez-vous, bien que nous ayons près d’une demi-heure d’avance. Nous avançons prudemment dans l’obscurité tachant de ne pas tomber dans l’herbe encore trempée de l’humidité de la nuit. A notre grande surprise, nous trouvons Yawn et Ash qui nous attendent au pied de l’arbre. Eux aussi semblent pressés de partir. Nous profitons de notre avance pour vérifier que nous nous sommes bien munis de l’intégralité des affaires inscrites sur la liste, puis décidons de partir, les premières lueurs de l’aube se profilant à l’horizon. Nous avançons si lentement au début, rendus prudents par l’obscurité encore présente, que le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque nous arrivons au pied du mur végétal, au sommet duquel se trouve l’entrée du puits, objet de notre excursion. L’escalade, bien que rendue plus ardue par la présence pesante de nos sac, ne nous prends cependant pas plus de quelques minutes. Le temps que nous grimpions toutes, les garçons, qui nous avaient devancés, ont ôté leur sac et ont sorti la corde pour descendre.
C’est Yawn qui s’enfonça le premier dans l’obscurité du trou, retenu seulement par la corde qu’Ash laisse couler petit à petit entre ses doigts, afin que la rencontre entre notre ami et le sol ne soit pas trop brutale. Quelques secondes seulement après que la corde se soit détendue, nous indiquant son atterrissage en douceur, sa voix se répercute sur les parois et remonte jusqu’à nous pour nous dire que le matériel d’escalade est en place et que nous pouvons le rejoindre sans problèmes maintenant qu’il est en bas pour assurer notre descente en rappel. Nous voyant indécise ma sœur et moi, Lynell s’avance et enfile avec assurance le baudrier, tandis qu’Ash vérifie la solidité du tronc autour duquel passe la corde, avant d’attacher le mousqueton au harnais de notre amie. Elle s’enfonce dans l’orifice jusqu’à ce que seule sa tête et ses épaules dépassent du sol. Elle se retourne pour prévenir Yawn qu’elle se lance, cale ses pied à plat contre la paroi, s’en éloigne d’un petit coup de talon et descend par petits bonds, avant de disparaître à son tour dans l’obscurité. C’est ensuite au tour de ma sœur de descendre, puis au mien. Cette fois-ci l’atterrissage se fait en douceur et je m’en trouve fort aise ; les autres rient lorsque j’en fais la remarque à voix haute. Ash est le dernier à descendre, et une fois débarrassé du harnachement, il en défait les nœuds et nous attachons les deux extrémités de la corde au sol pour l’empêcher de tomber pendant notre absence. Pendant que les garçons s’affairent à trouver des points d’ancrage, je défais mon sac et en sors plusieurs graines de Luz que je casse pour en répartir la poudre dans plusieurs bocaux que je distribue à chacun d’entre nous. Ainsi éclairée, la pièce nous apparaît dans sa totalité ; le sol de terre est relativement lisse et les murs de pierres arrondis forment une salle d’une demi-douzaine de vales de diamètre. Les parois s’arrêtent net sur le côté est du cercle, créant ainsi une sorte de haut portail donnant sur une galerie qui descend doucement et semble s’incurver quelques vales plus loin avant de disparaître dans l’ombre, hors de portée de nos petites lumières. Le couloir est suffisamment large pour nous permettre d’avancer à plusieurs de front ; Lynell et Yawn ouvrent la marche suivis d’Ash ma sœur et moi. Nous nous arrêtons à chaque croisement pour permettre à Ash d’attacher un petit bout de ficelle pour pouvoir retrouver notre chemin au retour. Pour ma part, je mets ce temps à profit pour dessiner une carte des lieux, faisant bénéficier le groupe de mes maigres talents de dessinatrice. Après quelques heures de marches ponctuées de courtes pauses, nous décidons de nous arrêter pour manger dans une sorte de grande salle d’où partent plusieurs galeries. Le repas est vite avalé tant nous sommes pressés de trouver où débouchent ces galeries et surtout de retourner ensuite a l’air libre, après ces heures passés sous terre avec une angoisse montante due au sentiment d’enfermement. Finalement le désir de retrouver la lumière est plus fort et nous optons pour le chemin qui semble remonter vers la surface. Nous marchons encore quelques heures, les intersections s’ensuivant sans cesse, ralentissant notre avancée et venant encombrer mon plan. La marche devient de plus en plus silencieuse à mesure que nous avançons, la fatigue me semble venir bien plus vite que d’habitude, sans doute à cause du stress. Mais peut-être est-ce simplement dû au fait que nous n’avons aucun moyen de savoir depuis combien d’heures nous avançons dans ces galeries.
Soudain Lynell, qui vient de disparaître derrière l’angle presque droit formé par le virage, pousse un cri de surprise.
-De la lumière !
J’accélère le pas pour pouvoir constater cette bonne nouvelle par moi-même et vois Yawn et Lynell courir en direction d’un rectangle de lumière au bout de la galerie. Lorsqu’enfin j’arrive au bout de ce chemin, je me trouve en compagnie des autres sur un petit balcon naturel sur la paroi abrupte d’une falaise. Et ce que je vois devant moi me laisse sans voix.